Audit énergétique : comment tirer parti de la contrainte réglementaire ?
80 % des entreprises françaises n’ont pas encore initié de véritable projet de transition énergétique, bien qu’elles y soient désormais, pour partie, légalement tenues. Derrière la contrainte réglementaire, se cache pourtant une opportunité unique de rationaliser leurs investissements et leur exploitation, en particulier dans le domaine de l’hébergement des infrastructures informatiques.
Une nécessité environnementale, des impératifs réglementaires et économiques
Les initiatives et accords internationaux se multiplient ces dernières années, en vue de réduire l’empreinte carbone des activités humaines. C’est dans ce contexte qu’est parue, en 2012, la directive européenne 2012/27/UE relative à l’efficacité énergétique, qui a été transposée en droit français dans la loi DDADUE, et dont le décret d’application est sorti le 24 novembre 2014. L’objectif fixé par l’Union Européenne dans ce texte des « 3×20 » : réduire de 20 % les consommations d’énergie primaire, diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre et utiliser 20 % d’énergie renouvelable, le tout d’ici à 2020. Pour y parvenir, cette directive oblige les grandes entreprises (*) à réaliser, tous les quatre ans, un audit énergétique de leurs activités, afin d’évaluer et d’optimiser leur consommation énergétique.
En parallèle, et d’un point de vue purement économique, la fin des tarifs réglementés de l’énergie, depuis le 31 décembre 2015, incite les entreprises françaises à être plus vigilantes sur leurs consommations d’énergie.
Pourtant, malgré ces évolutions réglementaires, près de 80 % des entreprises en France n’ont, à ce jour, encore rien initié en matière de transition énergétique…
Performance énergétique : l’importance et les spécificités des datacenters
Cette inertie est liée au fait que la plupart des entreprises ne sont pas en mesure d’identifier précisément quels équipements, installations ou activités sont les plus énergivores, car les factures électriques ne permettent pas d’isoler ou de consolider (à l’échelle d’un groupe, par exemple) les consommations de manière « analytique ». Elle s’explique également par un manque d’experts en interne, face à des réglementations et à une prise de conscience encore récentes.
Compte tenu du poids du numérique aujourd’hui, on sait pourtant que les datacenters peuvent compter jusqu’à près de 50 % de la consommation énergétique totale d’une entreprise. Si les équipements et l’exploitation des centres de données ne sont pas optimisés, la facture peut très vite s’alourdir. Car il ne faut pas oublier qu’ils fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 : la moindre amélioration, aussi minime qu’elle puisse paraître, peut en réalité avoir des effets non seulement positifs, mais aussi très rapides.
Par exemple, la principale source de consommation énergétique d’un datacenter est son système de refroidissement. Or, les matériels informatiques récents tolèrent des niveaux de température plus importants pour fonctionner : augmenter la température dans les salles informatiques, ne serait-ce que d’un degré, fait considérablement et rapidement baisser la facture. Le réagencement de l’implantation des baies permet aussi d’optimiser le fonctionnement des climatiseurs et systèmes de refroidissement. On estime ainsi que l’optimisation de l’exploitation d’un datacenter, qui ne nécessite pas des investissements colossaux, peut conduire à une réduction de 30 à 40 % de ses consommations énergétiques, sur une année.
L’opportunité de développer une stratégie énergétique globale
Etant donné le poids croissant du numérique, et en dehors même des obligations réglementaires, les entreprises ont donc tout à gagner à réaliser un audit énergétique de leurs datacenters : il fournit une analyse exhaustive des consommations énergétiques ainsi que des pistes d’optimisation, qui permettent de mettre en œuvre des programmes d’amélioration. Il est par ailleurs à noter que pour les entreprises de moins de 250 salariés, il est possible d’obtenir une subvention de l’ADEME à hauteur de 40 % du coût de l’audit.
Sans compter que ce bilan énergétique constitue une opportunité unique pour les entreprises de pousser plus loin leur réflexion sur leurs besoins en matière d’hébergement et de fiabilité de leurs infrastructures informatiques. Les résultats peuvent en effet révéler des dysfonctionnements plus lourds qu’un simple défaut de température ou de procédures d’exploitation dans le datacenter : surdimensionnement patent, installations devenues obsolètes, pannes aléatoires, etc. Avec, comme corollaire, une redéfinition des choix d’hébergement, pour à la fois maîtriser leur consommation d’énergie et rationaliser leurs datacenters.
Les audits énergétiques ouvrent également la voie à la certification ISO 50001, relative au management de l’énergie, qui positionne la performance énergétique comme un véritable axe stratégique dans l’entreprise, dans une démarche d’amélioration continue.
Il importe, dans tous les cas, de pouvoir s’appuyer sur des experts capables d’analyser les consommations énergétiques au regard des spécificités de conception, d’aménagement et des contraintes d’exploitation des centres de données, pour prendre les bonnes décisions à court, moyen et long terme.
(*) Entreprises de plus de 250 personnes, ou dont le chiffre d’affaires annuel atteint plus de 50 millions d’euros et dont le total de bilan est supérieur à 43 millions d’euros. Les entreprises certifiées ISO 50001 (système de management de l’énergie certifié) sont exemptées de cette obligation.