Prolonger la durée de vie d’un datacenter existant en maîtrisant les dépenses
L'économie numérique crée des besoins en datacenters toujours plus importants. Pour autant, l'investissement qu'ils représentent incite à prolonger leur durée de vie, en particulier dans un climat économique incertain. Quelques pistes pour donner un nouveau souffle à un datacenter existant.
Optimiser les matériels IT hébergés dans le datacenter
L’hébergement sécurisé de matériels informatiques et télécoms est la raison d’être d’un datacenter. A ce titre, la première action à mener pour lui donner un nouveau souffle, est d’effectuer un inventaire précis des équipements IT. Cet état des lieux va permettre d’identifier les matériels les plus anciens, qui sont énergivores et réclament de fortes puissances pour leur refroidissement. Et de mesurer le taux réel d’utilisation des équipements IT : la plupart du temps, les serveurs ne sont utilisés qu’à seulement 10% ou 20 % de leurs capacités.
Le remplacement des équipements les plus anciens, la consolidation des serveurs et une optimisation de leur capacité sont des étapes indispensables pour prolonger la durée de vie d’un datacenter. L’évolution des technologies, qui permet de proposer toujours plus de puissance dans moins d’espace, contribue également à atteindre cet objectif : ainsi, la virtualisation évite d’avoir à installer systématiquement de nouveaux serveurs physiques, en cas d’évolution des besoins applicatifs ou de stockage.
Contenir la densité électrique et calorifique : un exercice impossible ?
L’optimisation des matériels IT permet de contenir, voire de réduire, à périmètre constant, la consommation électrique. Toutefois, les besoins en traitement des données, en stockage et les contraintes fortes de disponibilité et de performances sont en croissance constante. Ils induisent une augmentation des dissipations et la création de points chauds. En l’espace de 10 ans, la densité électrique et calorifique des data centers est ainsi passée de 500 à 1200, voire 2000W/m².
Réurbaniser le datacenter
Progressive, cette densification, qui génère une complexité accrue dans l’exploitation des salles informatiques, est généralement mal maîtrisée. L’optimisation des équipements IT doit donc nécessairement s’accompagner d’une réurbanisation du datacenter. Par exemple, une meilleure répartition des matériels IT dans les baies, permet d’en diminuer le nombre. La surface ainsi gagnée peut alors être utilisée pour ajouter de nouveaux matériels ou pour optimiser le refroidissement. Autre exemple : une nouvelle implantation des équipements, couplée à une réorganisation des confinements et à une réorientation des flux d’air conduit à réduire la consommation électrique liée au refroidissement, sans investissement conséquent.
Augmenter la puissance de refroidissement
Pour aller encore plus loin, l’idéal est aussi bien sûr d’augmenter la puissance de refroidissement disponible. A condition que ce soit possible : tout dépend généralement de la localisation du datacenter. Ainsi, en milieu urbain, les contraintes sont telles que le projet s’avère souvent très complexe : surface limitée, difficulté d’obtention des autorisations ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) ou encore ajout d’aéroréfrigérants qui nécessitent des protections acoustiques vis-à-vis du voisinage.
A l’inverse, les datacenters situés à distance des villes, dans des zones industrielles par exemple, ne subissent pas les contraintes liées à un environnement dense. Ils offrent ainsi plus de souplesse pour procéder à des augmentations de la puissance de refroidissement, mais également pour renforcer les installations électriques. En particulier, il est plus facile d’ajouter des groupes électrogènes, pour assurer la continuité d’activité en cas de coupure de courant.
Quoiqu’il en soit, en ville ou en périphérie, mieux vaut prévoir des surfaces de réserve dès la construction d’un nouveau data center. Si l’investissement est un peu plus conséquent au départ, il sera compensé dans le temps car il permettra de réaliser les tranches suivantes, sans coupure et dans une enveloppe financière maîtrisée.
Se faire accompagner…
La principale difficulté d’un projet de prolongation de la durée de vie d’un datacenter réside dans la nécessaire poursuite de l’activité en phase de travaux. Un arrêt volontaire ou accidentel, même de courte durée, peut avoir des conséquences désastreuses sur l’activité de l’entreprise (ou des clients hébergés). Il doit donc être préparé, ce qui impose une grande rigueur et des compétences très spécifiques dans les domaines suivants : réalisation d’un état des lieux, rédaction du cahier des charges étape par étape, définition des protocoles et procédures d’intervention (arrêts programmés, périodes acceptables de service en mode dégradé…), coordination des différents intervenant (BTP, électriciens, équipes informatiques…), etc.
Toutes ces étapes nécessitent des expertises et une vue d’ensemble qu’il est souvent difficile d’avoir en interne. Un accompagnement par des spécialistes est recommandé, d’autant qu’il permet également de se « garantir » vis-à-vis des assurances.
En outre, une intervention externe facilite le dialogue, la compréhension et la gestion de projet entre les services généraux de l’entreprise, en charge du bâtiment, des infrastructures électriques et de refroidissement, et l’équipe informatique, en charge des équipements IT et de la production.