5 bonnes pratiques de suivi de l’empreinte environnementale des data centers
Les data centers, et plus globalement les infrastructures informatiques des entreprises, ont une empreinte environnementale non négligeable. Pour autant, déployer une stratégie de suivi et de réduction de leur impact efficace n’a rien d’évident, tant les facteurs sont nombreux et les modalités d’approche multiples. Nous vous proposons dans cet article de découvrir cinq bonnes pratiques « SMART » pour mesurer et limiter l’empreinte environnementale de vos infrastructures IT.
Au même titre que d’autres stratégies (commerciales, économiques, financières…), les démarches RSE (responsabilité sociétale des entreprises), dont l’un des enjeux est la mise en place d’actions visant à réduire les impacts environnementaux, ne sont efficaces qu’à la condition de définir des objectifs selon l’approche SMART :
- Spécifique, c’est-à-dire qui ont un objectif précis et personnalisé. Plus l’objectif est précis, plus les efforts nécessaires pour y arriver peuvent être ciblés.
- Mesurable : une donnée mesurable permet de s’assurer que les objectifs sont atteints ou non.
- Atteignable : l’objectif doit être ambitieux au regard des compétences présentes, ou encore des moyens mis à disposition.
- Réalisable : un objectif trop ambitieux et déconnecté de la réalité peut conduire à un échec de la stratégie.
- Temporellement défini : enfin, l’objectif doit disposer d’une échéance temporelle.
Ainsi, et par exemple, « réduire l’empreinte environnementale des infrastructures informatiques de 50 % à l’horizon 2030 » est un objectif que l’on pourrait qualifier de SMART. Dans le cadre de l’exploitation d’un data center, par définition multifactorielle, nous vous proposons cinq bonnes pratiques à mettre en œuvre pour le suivi SMART de l’empreinte environnementale de ces infrastructures informatiques.
1. Optimiser le taux de charge du data center
Le taux de charge du data center est le ratio entre la puissance électrique réellement utilisée par les équipements IT et la puissance totale disponible pour alimenter ces équipements IT. Ainsi une bonne conception et un bon dimensionnement des ressources informatiques contribuent à l’efficience énergétique et à la réduction des coûts des infrastructures. Pour atteindre cet objectif, les actions supplémentaires suivantes peuvent être mises en œuvre :
- L’analyse de l’activité des machines physiques et virtuelles déployées, telles que leur nombre et type, leur fréquence, les ressources exploitées, etc.
- La prise en compte de l’impact des contraintes opérationnelles, telles que les SLA ou niveaux de service contractuels.
- L’identification des problèmes de ressources : bandes passantes réseau saturées, machines physiques en surcharge, ou, au contraire, équipements sous-utilisés à mettre hors tension…
- Le remplacement des ressources défectueuses par des serveurs nativement conçus pour optimiser les consommations électriques, tels que les serveurs du projet Open Compute (The Open Compute Project).
2. Analyser les impacts environnementaux en approche cycle de vie
On ne le dira jamais assez : superviser et prendre des décisions importantes implique de mesurer des indicateurs pertinents. Par conséquent, la première étape d’une approche de réduction des impacts environnementaux consiste à quantifier ces impacts.
Éprouvée et reconnue pour son efficacité, l’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode normalisée qui permet de mesurer les effets quantifiables de produits ou de services sur l’environnement. L’ACV tient compte de toutes les étapes du cycle de vie d’un système (fabrication, utilisation et fin de vie) lors de son étude.
Les principes, les exigences et les modalités de l’ACV sont définis par les normes internationales ISO 14040 et ISO 14044. C’est une approche multicritère, fondée sur plusieurs indicateurs d’analyse des flux entrants et sortants, à savoir tout ce qui entre dans la fabrication du produit (ressources en fer, en eau, en pétrole, en gaz, etc.), et tout ce qui sort en matière de pollution (déchets, émissions gazeuses, liquide rejeté, etc.).
L’analyse de cycle de vie est réalisée en tenant compte de l’activité du data center à analyser et de ses enjeux. Pour éviter les mauvaises interprétations, liées aux transferts de pollution, l’analyse de cycle de vie doit intégrer des indicateurs environnementaux tels que :
- les consommations d’énergie,
- les émissions de gaz à effet de serre,
- les consommations d’eau,
- l’épuisement des ressources abiotiques,
- la production de déchets électroniques.
L’ACV permet de dresser un aperçu global des impacts environnementaux des infrastructures informatiques et d’identifier des leviers d’amélioration et les éléments du système sur lesquels il faut agir en priorité pour réduire l’empreinte environnementale.
Une bonne pratique consiste à réaliser ce type d’étude tous les deux à trois ans pour s’assurer que les axes d’amélioration initiaux ont eu les effets escomptés après leur implémentation.
3. Suivre des indicateurs dédiés aux data centers
Une fois l’analyse de cycle de vie effectuée, les leviers d’amélioration identifiés doivent être suivis continuellement, au travers d’indicateurs environnementaux simples, basés sur les consommations (eau, énergie…), ou plus complexes, basés sur des mesures d’efficience :
- La consommation électrique
C’est un indicateur très facile à suivre car reporté par le fournisseur d’électricité, qui facture selon la consommation réelle. Très fréquemment, la mesure de la consommation d’électricité est également suivie au niveau des équipements informatiques ou au niveau des principaux usages, tels que la climatisation, la ventilation ou la sécurisation électrique.
- Le PUE (Power Usage Effectiveness)
Le PUE est l’indicateur le plus connu. Il mesure l’efficacité énergétique de l’infrastructure informatique, à savoir la consommation des matériels IT eux-mêmes, mais également l’énergie nécessaire au refroidissement des équipements et autres besoins annexes.
C’est le rapport entre l’énergie totale consommée par les équipements (équipements informatiques et annexes), divisée par l’énergie dédiée à la production informatique. Le PUE permet d’estimer le coût énergétique lié à l’infrastructure. Il fournit une estimation des effets des variations de consommation d’énergie. Le PUE n’a pas d’unité : plus il se rapproche de 1, plus le data center est considéré comme efficace.
- Le CUE (Carbon Usage Effectiveness)
Cet indicateur est un complément du PUE. Il mesure les émissions de gaz à effet de serre induites par le fonctionnement de l’infrastructure informatique.
C’est le rapport entre l’émission totale de CO2 liée à la consommation d’énergie totale du centre de données et la consommation d’énergie des équipements IT. Cet indicateur aide les opérateurs dans le choix des technologies plus efficaces en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Il permet en outre d’évaluer la pertinence des actions d’amélioration à mettre en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est exprimé en kg CO2 par kWh IT.
Tous ces indicateurs sont complémentaires les uns des autres. Ils doivent être mesurés et interprétés conjointement, afin d’identifier l’efficacité des actions en vue d’améliorer la performance environnementale globale du data center.
4. Établir un reporting régulier des indicateurs de performance environnementale
Savoir mesurer des indicateurs, c’est bien. En assurer un suivi régulier, c’est mieux, surtout de façon automatisée dans un tableau de bord dédié.
Le tableau de bord offre une vue globale de tous les indicateurs pertinents à analyser, pour le suivi et le pilotage de la performance environnementale, et élimine les incertitudes. C’est également un véritable outil d’aide à la décision : les indicateurs, comparées aux valeurs de référence, permettent ainsi de de connaître l’état de santé environnementale de l’infrastructure, de diagnostiquer les causes de résultats non atteints, d’analyser les écarts et d’entreprendre des actions palliatives ou correctives adaptées.
Le suivi de la performance environnementale des équipements IT peut passer également par l’utilisation des outils tels que les DCIM (Data center Infrastructure Management), conçus pour gérer l’infrastructure IT au sein d’un outil unique, selon des processus communs : change management, incident management, gestion des maintenances, etc. Et ceci afin d’étendre les bonnes pratiques ITIL sur toute la chaîne d’éléments, des équipements IT à l’infrastructure du data center.
5. Sensibiliser et former les parties prenantes
Le suivi de l’empreinte environnementale des infrastructures informatiques doit également tenir compte des ressources humaines disponibles sensibilisées et bien formées, les équipes pourront alors s’inscrire pleinement dans la démarche globale de suivi de la performance environnementale.
Ce qui implique également une excellente communication entre les parties prenantes, celles-ci étant nombreuses et variées : ingénieurs systèmes et réseaux, développeurs, etc. Une communication au long cours et multi-canaux : affichage sur site, informations sur les bonnes pratiques, challenge entre les équipes, concours internes, hackathons, ou encore campagnes de sensibilisation aux questions environnementales.
Outre la prise de conscience et l’implication des acteurs sur leurs périmètres respectifs, l’objectif est aussi une appropriation de la stratégie globale de mesure et d’amélioration de l’empreinte environnementale des infrastructures informatiques.